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Premier colloque québécois de réflexion et d’action en faveur des fermes pérennes

COMMUNIQUÉ DE PRESSE


Le vendredi 15 mars 2024 a eu lieu un premier colloque québécois de réflexion et d’action en faveur des fermes pérennes à la ferme Cadet Roussel située dans le village de Mont-StGrégoire en Montérégie.


Cette démarche est née d’un constat : l’agriculture familiale est en crise. Le fardeau que l’on fait porter sur les épaules des agriculteurs/trices est devenu insoutenable : pression constante à la baisse sur les prix des aliments, évènements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, contexte réglementaire de plus en plus lourd, augmentation du prix des terres, des quotas, des intrants et, conséquemment de l’endettement et des stress financiers, attentes sociétales en matière d’environnement et de bien-être animal, etc. Devant cette mission impossible, plusieurs se découragent et abandonnent ce métier pourtant si beau et noble.


Alors que le taux de survie de nos fermes ne cesse de diminuer, le gouvernement semble rester dans un paradigme de création d’entreprises pour maintenir la production alimentaire, plutôt que de favoriser la pérennité des fermes existantes. On attire quantité de jeunes (et de moins jeunes) avec des subventions à l’établissement dans un modèle qui n’est souvent pas durable. Une forte proportion abandonne après quelques années après avoir réalisé qu’ils/elles doivent exploiter la terre, les employés/es et souvent eux/elles-mêmes pour tenter de survivre. Ceux et celles qui ont rêvé d’agriculture, se rendent compte que la seule façon de se rémunérer justement pour leurs années de dévouement est de revendre les équipements subventionnés, la ferme ou la terre achetée qui a pris de la valeur entre-temps, participant à la spéculation foncière qui met en péril notre souveraineté alimentaire. Le coût pour les contribuables est élevé et la cible, ratée.


Devant ce constat, plusieurs acteurs/trices du milieu agricole au Québec se questionnent sur les causes de la crise actuelle et sur les pistes de solutions pour emprunter de nouvelles voies d’avenir afin d’assurer la pérennité de nos fermes en tant qu’élément essentiel à notre résilience alimentaire collective. Sur le terrain, les innovations sociales émergent, se structurent, se multiplient, un mouvement naît : celui en faveur de fermes pérennes au Québec.


En avril 2023, l’agricultrice Stéphanie Wang écrit une lettre d’opinion intitulée « Des fermes pérennes pour le Québec » qui est publiée dans Le Devoir et cosignée par une centaine d’agriculteurs/trices et acteurs/trices du milieu. Une volonté spontanée de mobilisation mène alors à la création d’un comité formé de neuf organisations agricoles interpellées par la thématique des fermes pérennes ainsi qu’à l’organisation de ce premier colloque.


Ainsi le 15 mars dernier, 80 personnes du milieu de l’agriculture au Québec se sont réunies à la ferme Cadet Roussel, une ferme pionnière à plusieurs égards : première ferme du réseau des Fermiers de famille, première FUSA1 et actuellement co-initiatrice d’une nouvelle forme innovante d’agriculture soutenue par la communauté qualifiée de retour aux sources. L’objectif de cette journée était d’identifier des éléments de convergences à travers les différentes solutions ayant pour objectif la pérennité nos fermes et de réfléchir sur les pistes d’actions collectives possibles pour structurer ce mouvement en faveur des fermes pérennes.


Plus de la moitié des participants/es étaient des agriculteurs/trices impliqués dans des projets de FUSA, de coopératives, d’OBNL, ou encore en période d’arrêt et de réflexion sur l’avenir de leurs fermes, apportant aux réflexions un ancrage solide dans la réalité, les défis, mais aussi les espoirs de ceux et celles qui portent dans leurs cœurs et dans leurs corps la mission de nourrir leurs communautés.


Le milieu de la recherche s’intéresse de plus en plus à ces innovations sociales permettant d’appuyer de données probantes les hypothèses à l’origine de ces alternatives.


Comme l’indique Marie Lacasse, conseillère au CQCM2: « Les coopératives et les OBNL en agriculture font partie des solutions pour les agricultrices et les agriculteurs qui désirent sortir du modèle de la ferme familiale. Le CQCM a réalisé, à la demande du MEIE3, une mise à jour de l’étude sur le taux de survie des coopératives, et cette étude a démontré un taux de survie supérieur des coopératives par rapport aux entreprises privées, 44,4 % des coopératives sont toujours en service, contre 19,5 % des entreprises québécoises après dix ans ».


Par ailleurs, le CISA4 mène actuellement plusieurs projets de recherche-action qui permettront de mieux documenter le sujet : « On le constate déjà depuis plusieurs années : la pérennité des fermes au Québec est devenue un enjeu incontournable, la preuve étant que la vaste majorité de nos projets en cours actuellement visent la mise en place d’initiatives innovantes qui ont pour objectif, à terme, la pérennité des entreprises agricoles », confirme Christine Gingras, coordonnatrice de projets CISA.

Ce premier colloque a mis en lumière un besoin de poursuivre la recherche pour mieux comprendre d’une part les facteurs qui contribuent à la pérennité des fermes et d’autre part aux freins qui bloquent l’adoption à plus grande échelle de ces innovations prometteuses. Il en est ressorti également un désir d’action collective pour unir les efforts des participants.es dans un mouvement concerté en faveur des fermes pérennes.


Nous arrivons aussi à ce constat que la pérennité des fermes ne concerne pas que les acteurs/trices du milieu agricole et doit rejoindre la population plus largement puisqu’il est question ici de notre souveraineté et résilience alimentaires collectives. D’ailleurs, un autre constat qui émerge de cette journée est que les innovations prometteuses présentent toutes une forme d’implication des communautés, sortant ainsi l’agriculture d’un rapport de force consommateurs-producteurs pour rallier les uns et les autres vers une mission commune.


Au terme de cette journée, les participants/es sont repartis avec une meilleure vue d’ensemble des différentes stratégies de pérennisation de nos fermes, mais surtout le sentiment de faire partie d’un mouvement social qui prend forme et apporte un vent d’espoir pour l’avenir de l’agriculture au Québec.


Un document synthèse ainsi que les enregistrements vidéos des différentes activités de la journée seront rendus disponibles dans les prochaines semaines, espérant qu’ils pourront toucher et rallier ainsi un plus large public et dresser la table pour une réflexion globale en faveur de la pérennité de nos fermes.


Personnes à contacter pour entrevue média : Stéphanie Wang, agricultrice, Le Rizen, info@lerizen.ca, 581-337-2888 Véronique Bouchard, agricultrice, Ferme aux petits oignons coop de solidarité, veronique@fermeauxpetitsoignons.org, 819-631-7889 Hubert Lavallée, président, Protec-Terre, hubert.lavallee@protec-terre.org, 514 258-8878 Liens connexes



1 FUSA : Fiducie d’utilité sociale agroécologique 2 CQCM : Conseil québécois de la coopération et de la mutualité 3 MEIE : ministère de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie 4 CISA : Centre d’innovation sociale en agriculture

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